Dr. Feelgood
Lee Brilleaux - Jukebox Magazine (Années 80)

Propos recueillis par Bruno Librati © Jukebox

Par mes origines j'appartiens à la upper-working glass family anglaise. Mon père était ingénieur et ma mère secrétaire. J'ai vécu à Londres pendant mes douze premières années puis nous avons déménagé dans l'Essex, à Canvey Island. J'ai fait des études dans une école d'Etat que j'ai quitté quand j'ai eu 18 ans. Je n'étais ni un mauvais ni un bon élève. Assez moyen. Je ne détestais pas aller en cours. J'ai abandonné les cours pour travailler dans un bureau d'avocats où je suis resté pendant quatre/cinq ans. Le droit m'intéressait et je suis allé en faculté durant un an pour essayer de devenir avocat. Mais quand j'ai commencé à jouer avec un groupe, j'ai dit bye bye au bureau d'avocat.

Quels sont tes goûts musicaux ?
Quand j'avais 17-18 ans, j'écoutais du Blues principalement et toutes sortes de musiques également, de la pop music, des trucs qui me branchaient. Mais les disques que j'achetais et que je collectionnais étaient essentiellement du Blues.

Quels ont été tes premiers concerts ?
Je me souviens d'avoir vu les Rolling Stones quand j'étais assez jeune. Je les ai d'abord vus pour la première fois à la télévision. Mon père était absolument horrifié par eux, leurs cheveux... Moi je pensais simplement qu'ils étaient formidables. Je devais avoir 12 ou 13 ans. Je vivais encore à Londres. Les Rolling Stones et les groupes comme eux ont été les premiers à m'intéresser au Blues des Etats-unis. Le Blues original. Ce fut ma première sensation.

Et le mouvement British Blues avec Fleetwood Mac, Savoy Brown ?
J'étais aussi là dedans. Bien sûr, j'étais plus tourné vers les racines, d'où la musique vient. J'ai vu tous ces groupes mais je n'achetais pas leurs disques. Ainsi j'ai vu Fleetwood Mac en première partie de John Lee Hooker quand ce dernier est venu à Londres. J'ai vu aussi Howlin' Wolf avec Dave Kelly à la guitare. Ce fut un grand moment de ma vie de voir Howlin' Wolf sur scène. Un show fantastique pour moi.

C'est à ce moment là que tu as commencé à jouer de la guitare ?
Au départ, j'ai d'abord joué du banjo et de l'harmonica. Quand j'avais 15-16 ans, avec quelques amis, nous avons formé un Jug Band. Nous jouions du Blues et des chansons Folk, du Country Blues et des vieux thèmes traditionnels. Pour le fun. On s'appelait le Southside Jug Band. Avec John B. Sparks (Sparko) à la guitare et Chris Fenwick à la batterie. Chris n'était pas vraiment à proprement parlé un bon batteur, mais un très bon businessman. Il est devenu notre manager. Puis on a pris le nom de Pigboy Charlie Band quand on s'est mis à jouer avec des instruments électriques. En effet, dès que nous avons eu un peu plus d'argent nous nous sommes achetés des guitares électriques.

Vous aviez déjà des morceaux personnels ou jouiez uniquement des reprises ?
Principalement des covers, du Rock'n’Rroll, des titres d'Elvis Presley, Chuck Berry, et aussi du Blues. Nous avions aussi quelques compositions personnelles mais nos sets étaient essentiellement composés de reprises. Nous commencions à peine à jouer dans les pubs où les teddy boys se retrouvaient. Nous devions donc interpréter du Elvis Presley ou du Gene Vincent, sous peine de nous retrouver sans travail. A cette époque, j'étais déjà le chanteur. Puis, nous avons changé de nom et nous nous sommes appelés Wild Bunch. En fait, nous changions de nom chaque semaine ! Parfois, c'était difficile de savoir quel était le nom du groupe à tel moment ! Au début j'étais encore à l'école. Nous faisions de la musique rien que pour le fun. Il n'y avait aucune ambition, aucun désir d'être une star, ou quelque chose comme ça. Certains jeunes se passionnaient pour la pêche, le vélo ou quelque chose d'autre. La musique était notre passion. Nous voulions vraiment jouer dans un groupe. C'est ce qui nous éclatait. C'est à cette période que j'ai rencontré Wilko Johnson. Il revenait des Indes. Je me baladais dans le rue avec un disque de Little Walter sous le bras, il m'a intercepté et nous avons discuté. Quelques jours après, il est venu se joindre à nous et je peux te dire que c'était déjà un bon guitariste. Sparko s'est donc mis à la basse. Puis Wilko a introduit un ami à lui, Johnny Martin, plus connu sous le nom de Big Figure, qui a remplacé Terry Howard, notre précédent batteur. Il n'était pas très bon, mais tu ne peux pas savoir à quel point c'est dur de trouver un batteur ! C'était en 1972, je crois.

Vous devenez ensuite Doctor Feelgood. Pourquoi ce nom ?
"Doctor Feelgood" est le titre d'une chanson. Nous écoutions beaucoup de disques en ce temps-là, essentiellement des 45 tours, et nous aimions beaucoup "Doctor Feelgood" par Johnny Kidd & The Pirates (face B de "Always And Ever" HMV POP 1269, publié en avril 1964). Cette version de "Doctor Feelgood" est superbe et nous avons pensé que ce serait un nom sympa pour notre formation. Je me souviens qu'à cette occasion, nous n'avions pas de nom de groupe et que nous devions en choisir un, car nous avions l'opportunité de trouver des engagements durant quatre dimanches consécutifs au pub The Rose. Le gérant affichait les concerts en vitrine pour les quatre futurs dimanches. Ce fut une décision de dernière minute. Le logo a été créé par Wilko Johnson qui a dessiné le visage. Mais l'idée provient d'une approche plus collective. Nous avons parlé tous ensemble de ce à quoi cela devait ressembler. Le personnage devait fumer trop, avoir un penchant pour la drogue... Nous avions une image, une vision de lui, avec son sourire éclatant et des dents énormes. Il devait être américain, sûrement de la mafia ! avec ses grosses lunettes noires.

Puis vous êtes partis tourner en Hollande ?
Après quelques shows dans les pubs de la région de Canvey Island, Chris, notre manager, a rencontré un Hollandais qui organisait des concerts dans son pays, et ce dernier s'est chargé de nous trouver des dates. On' a acheté une camionnette pour une misère, je ne te raconte pas l'engin, on a mis nos instruments à l'intérieur, nos valises, et on est partis là-bas. C'était super !

Ensuite vous avez effectué une tournée avec l'ex-Tornadoes Heinz.
C'était une expérience très enrichissante parce que c'était la première fois que nous travaillions avec quelqu'un de professionnel. Nous étions complètement des amateurs. C'était pour nous une opportunité d'apprendre quelques trucs sur le business. Nous avons aussi eu du bon temps.

Vous aviez alors un look déconcertant, surtout en pleine période Glitter Rock.
Nous étions différents. Nous savions ce que nous voulions être. L'époque était totalement ridicule, les gens portaient des habits outranciers, se maquillaient... Nous regardions la télévision et c'était horrible. Nous voulions réagir à tout cela, nous voulions être l'opposé de ça. Je suppose que le mouvement Punk est d'une certaine façon une réponse logique à tout cela. Nous faisions délibérément le contraire du phénomène du moment.

En 1973, vous rencontrez le producteur Vic Maile qui veut produire un 45 tours de vous et le vendre à une compagnie de disques.
C'est exact, mais il ne pouvait pas nous payer à l'époque et notre manager a refusé. Il a préféré que nous signions d'abord avec une maison de disques et voir après. Grâce à la presse, élogieuse à notre sujet, nous avons décroché un contrat en juillet 1974 avec United Artists par l'intermédiaire d'Andrew Lauder. Quelques jours après nous sommes entrés en studio avec Vic Maile que nous n'avions pas oublié.

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