Dr. Feelgood
Doctor Lee - Rock & Folk (août 1975)

Propos recueillis par Philippe Manœuvre © Rock & Folk
Merci à Pierre Chatelet !


Hey ! Samedi dernier, Lee Brilleaux était à Paris ! Le chanteur de Feelgood devant le micro parabolique de Rock'n’Folk, en chair et en os. Git it ? Sûr et certain que nous allez nous pâmer plus d’une fois sur ces quelques mots du vieux Brilleaux. Parce qu’il nous raconte ce que nous aviez le plus besoin de connaitre, la très véridique et très courte et très simple histoire de Doctor Feelgood ! (clap, clap, clap)

Lee : J’ai commencé à m'intéresser à la musique vers l’âge de treize ans. Avant, j'aimais n’importe quelle salade de nouilles pop. Mais la première fois que j'ai vu las Stones à la télé, mec, ça a été le grand choc. Mes parents regardaient aussi, samedi soir en province, tu vois ! A l'époque je n’avais rien contre le fait que les Beatles passent dans les environs. C'était okay, et ça ne me dérangeait ni ne me fanatisait. Après les Stones, rien ne fut plus jamais pareil. Je me suis branché sur les origines du r 'n'b, le blues, Muddy Waters, Howlin Wolf. Muddy est passé à la télé et j'ai vu ce type qui jouait de l’harmonica derrière lui. Et je me suis dit : putain de son ! Le lendemain j'ai acheté un harmo. Et j’ai broute jusqu’à ce qu’un type me montre quelques trucs... Le grand pied de ma vie ! Mais mon tout premier groupe fut un groupe de jug. Un croisement jazz/blues, mais interprète avec des instruments aussi simples que bon marché : harmonica, kazoo, planche à laver. Une musique que chacun peut faire. Moi, le premier jug band que j'ai vu était celui de Wilko : il jouait dans un pub, et les gens jetaient des pièces dans un chapeau ; je me suis dit : "Waow, voilà ce que je veux faire !" C'était l'époque où les gens achetaient des amplis colossaux sous prétexte de faire du heavy blues. J'ai rencontré Sparko, notre bassiste. Il grattait une guitare sèche, et moi je jouais du banjo, tu vois le genre ? Je connaissais quatre accords ! On a travaillé dur, et un an après, on faisait tous les mariages du coin. Et puis ça nous a semblé bébête, au fur et à mesure qu'on vieillissait. On avait des nanas, et le jug band ça présentait plutôt mal. On s'est mis au blues, mais du coup plus personne ne nous employait. J'ai dit : fuck it ! Et j'ai vendu ma guitare. Un jour, Wilko est revenu des Indes. Et le vieux Sparko s'était mis à la basse, il voulait jouer Sparko... Il arrive chez moi et me dit : "Hey ! Wilko est de retour en ville !" Il a été voir Wilko et lui a demandé si ça le brancherait de faire un groupe, et Wilko était d'accord, et il avait un ami d'enfance qui était batteur, Figure. Bien sûr, il était batteur pro, mais en pop. Ça l'a amusé de faire du blues, et voilà.

Est-ce que Wilko n'est pas le plus âgé du groupe ?
Euh... autant que je sache, nous tournons tous autour des 23 ans. C’est-à-dire que lui a fait ses études, une licence de Lettres, il voulait écrire des poèmes. Aux Indes, il a flippé et depuis il a laissé tomber les trucs intellectuels. Quand on a commencé Feelgood, on croyait ne jamais percer ; on jouait pour le pied, avec l'espoir secret de se faire un peu de monnaie pour acheter nos cigarettes.

Tu travaillais, à l'époque ?
J'étais clerc de notaire, c'était marrant, je n’arrêtais pas de sortir dans la rue.

Vous êtes devenus de plus en plus obscènes sur scène. A quoi cela correspond-il ?
De même qu'il faut absolument avoir une énorme sono dans les grandes salles, il faut bouger de plus en plus pour que tout le monde puisse voir. Devant deux cents types, pour suggérer ce que je chantais un petit geste suffisait. Mais à Orange, si j’agile mon micro, les types du fond vont dire : "Qu’est-ce qu'il fout celui-là ? Il se gratte le nez ou quoi ?" Et ils auront mortellement raison ! Alors, hop ! Moi je comprends pourquoi les Who bousillaient leurs guitares. Quand je sors de scène, je mets aux mains quarante-cinq minutes à redescendre. Si quelqu'un me dit ce qu'il ne faut pas, je le bousille ! Wilko, lui, il s'est répandu sur la scène, il a tout donné. Mais moi il y a des fois où ça n'est pas parti !

Ne demandez jamais à Brilleaux pourquoi le premier album était monophonique. Au pire il tue. Au mieux il s‘en ira en râlant. Et de toute façon : "Si on avait Ecrit ‘Stéréo’ sous le label, per- sonne ne se serait aperçu de rien."

Mais dites-nous, Lee, old sport, qui est-ce Docteur Feelgood ?
Heu... ce n'est ni Wilko, ni moi, ni un membre du groupe. Comment expliquer… C'est un mec, pas un mauvais, non, un type qui vit comme il faut. Pas le genre à forcer la loi, hein. La détourner, quand nécessaire. Il veut prendre son pied, et sur du rock’n'roll. En plus, c'est l'homme dont toutes les ladies sont folles. C'est cela, le Doctor Feelgood.

Pourquoi n'êtes-vous pas revenus pour le rappel à Orange ?
Les organisateurs nous en ont empêchés. Ils ont prétendu que la sono ne marchait pas, nous ont fait poireauter dix minutes. Trop tard. Mais en fait... en fait, je crois qu'ils avaient peur de ce que nous pouvions faire.

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