Dr. Feelgood

Kevin Morris - Best (Janvier 1998)

Propos recueillis par Daniel Stéveniers © Best

Dr Feelgood, énergie costumée et guitares cravatée, reprend la route de la sueur et de le soif pour, une fois de plus, faire la démonstration que le Rock’n’Roll est à la fois une maladie chronique et un traitement de choc. Exposée et résumé des travaux par un spécialiste de la recherche sur le concert : Kevin Morris, batteur diplômé…

En dépit de tous ses changements de line-up, Doctor Feelgood existe encore aujourd’hui, en 97. Quel est le secret de cette longévité ?
On aime a penser que ce qui est primordial est l’attitude du groupe, cette volonté de continuer coute que coute, malgré tous les changements de personnel qui ont émaillé l’existence de Doctor Feelgood. Je pense notamment aux lead guitarists qui s’y sont succédés. En général, le départ du guitariste traumatise le groupe. L’énergie et surtout le style s’en ressentent et c’est parfois fatal. Par exemple, le premier guitariste, Wilko Johnson, écrivait beaucoup de chansons et était quasiment l’axe central du groupe. Quand il est parti, Gypie Mayo est arrivé avec un style sensiblement différent. Sa venue a apporté un élargissement musical, même si Doctor Feelgood est resté un groupe de Rock, Blues et Rythm’n’Blues.

Doit-on considérer Doctor Feelgood comme une sorte de conservatoire du rock anglais comme John Mayall et les Bluesbreakers le sont pour le Blues ?
C’est la même attitude. Quant un musicien quitte Mayall, il continue avec un autre et ce n’est pas un problème. On a joué avec eux il y a deux arts dans un festival danois et on a pu constater qu’ils sont toujours aussi bons. En fait, on sui la même politique : un musicien s’en va et un autre prend sa place. C’est la même chose chez Fairport Convention qui eux font du Folk-Rock.

Quand Lee Brilleaux est mort, en dépit de tout ce qui a été dit sur la pérennité du groupe, avez-vous évoqué la possibilité d'arrêter définitivement Doctor Feelgood ?
Oui. Absolument. La mort de Lee nous a tous anéantis. Je me rappelle parfaitement cette période qui a précédé son décès. On venait de faire une tournée de quelques mois et on était heureux de se retrouver en studio avec des gens de confiance, des techniciens, des ingénieurs qu’on connaissait bien. On se produisait nous même, on se sentait vraiment à l’aise. Malheureusement, Lee n’allait pas bien, il était très fatigué. Depuis plusieurs mois sur la tournée, on avait constaté qu’il était malade. On lui a dit : "Lee, il faut que tu ailles voir un médecin". Ce qu’il fit d’ailleurs, mais après quelques examens, on lui apprit qu’il avait le cancer et il alla à l’hôpital pour subir des séances de chimiothérapie très éprouvantes qui eurent pour premier effet de l’affaiblir encore plus. Par la suite, lentement, il reprit des forces et put participer à deux concerts destinés à être enregistrés, mais après le deuxième show, il se remit à décliner rapidement et on lui conseilla très vite de retourner à l’hôpital, mais il s’y refusa. Il voulait tout simplement rentrer chez lui pour mourir. Quand il fut décédé nous eûmes le sentiment que Dr Feelgood était détruit. Nous ne pouvions envisager de continuer sans Lee, qui était à la fois le frontman, la voix et l’âme du groupe. Nous ne fîmes rien pendant deux ans, et puis peu à peu, vinrent à nos oreilles des informations concernant Dr Feelgood, notamment aux USA où des groupes donnaient des concerts hommage, des fans-clubs avaient été crées, des promoteurs se manifestaient etc. Et là je me suis dit : "C’est stupide, cherchons un chanteur et relançons la machine". Ce qui fut fait avec la venue de Peter. La première fois qu’il vint nous voir, on n’en crut pas nos yeux ni nos oreilles. La voix, l’allure, tout y était !

Après deux ans de silence, vous avez enregistré un album intitulé ‘On the Road Again’. Comment avez-vous abordé ce retour à la création en studio ?
La première chose qu’on voulait faire en réalisant ce disque était de démontrer que le groupe continuait. On n’avait pas de direction vraiment définie pour ce disque. Donc, le chois des morceaux, sans être complètement secondaire, n’était pas absolument crucial. On y trouve à la fois nos compositions et quelques reprises de gens qu’on aime bien. L’un des points essentiels était de présenter Peter au public. Par exemple, le titre de Peter Green, 'World Keeps Turning', est un morceau parfait pou mettre en valeur sa voix et l’auditeur peut saisir à la fois ce qui les rapproche et les différencie. On y trouve du Blues, du Rock… Ce n’était pas facile après une longue période de relâche de synthétiser nos idées. Je pense que le prochain album sera plus homogène.

Le live album est une sorte d'hommage, de dernier au revoir à Lee BrilIeaux...
C’est étrange, c’est comme si Lee avait décidé de mourir après la réalisation de cet album. Il était très faible et il était prévu qu’il fasse les shows assis sur une chaise ou un tabouret, mais en fait il resta debout pour chanter. En outre, par le passé, il m laissait le soin d’établir la liste des chansons que l’on devait jouer, mais pour le dernier concert il choisit lui-même les titres. Il me dit "Kévin, je souhaiterais chanter 'Walfman Calling' et 'Roaddrunner' de Junior Walker". Il avait donc sa propre liste en tête…

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